[EDITO] SOS, métiers en danger !

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La recherche de sens dans son travail est clairement devenue le nouvel os à ronger des journalistes. Il faut dire que pas une seule semaine ne passe sans une émission ou un gros titre sur le sujet. Sans, non plus, qu’un sondage ou une étude ne vienne confirmer et préciser les attentes des Français. A tel point qu’on peut devenir inquiet sur l’avenir de certains métiers : qui va encore vouloir devenir serveur, réceptionniste ou agent d’entretien ? Tous métiers fortement présents dans l’environnement de travail, au passage…

Si la quête de sens travaille autant notre société, c’est qu’elle ne croit plus aux grandes transcendances, nous expliquait Luc Ferry le 23 juin dernier lors du Gala des Directeurs de l’Immobilier et de l’Environnement de Travail. Nous sommes donc loin de la mode passagère. La tendance sociétale est si forte que le Code du travail lui-même, pourtant plus souvent à la remorque qu’à la pointe des évolutions, l’a intégrée avec la requalification du terme QVT (qualité de vie au travail) en QVCT (qualité de vie et de conditions de travail) depuis le 31 mars dernier ! Un élargissement de la notion qui inclut, entre autres éléments, la quête de sens dans son travail.

Un sondage mené en mars/avril derniers sur les 16-25 ans par Diplomeo confirme que l’épanouissement et le bien-être sont les attentes majeures des (futurs) salariés français : quand on leur demande leur définition de la réussite professionnelle, 85% des jeunes interrogés répondent l’épanouissement au travail, loin devant un salaire élevé (54%). Ce qui explique que 4 jeunes sur 5 jugent très important que leur employeur s’engage pour favoriser leur bien-être au travail.

Le même sondage nous apprend (mais est-ce vraiment une surprise ?) qu’une écrasante majorité des jeunes souhaitent rejoindre une entreprise qui partage les mêmes valeurs qu’eux. Ils attendent notamment, de la part de leur employeur, des actions fortes en matière de lutte contre les discriminations, le racisme, les inégalités sociales et la précarité mais aussi en faveur de l’égalité professionnelle femmes-hommes et le développement durable.

Notons au passage que si le salaire reste un argument phare pour faire leur choix, les 16-25 ans placent ensuite très haut la qualité de l’environnement de travail proposé. A emplois comparables, 42% d’entre eux feront leur choix en fonction de ce critère. Un argument de poids en faveur de lieux et de services attractifs !

Il n’en reste pas moins vrai que cette recherche de sens au travail présente un paradoxe : alors que Julia de Funès dénonce les fonctions vides de sens, trop éloignées de la finalité du service rendu aux utilisateurs finaux, un certain nombre de métiers, pourtant souvent très directement reliés au résultat final, je parle de métiers de service, sont aujourd’hui ceux qui peinent le plus à recruter : serveur, réceptionniste, agent d’entretien, cuisinier, plongeur…

Les causes en sont évidemment connues : salaires faibles, rythmes de travail souvent incompatibles avec la vie de famille, faible reconnaissance, peu de perspective d’évolution… Tous ces métiers, très présents dans l’environnement de travail, qui pourraient sans difficulté embarquer une très forte dimension d’utilité tant ils rendent les choses possibles dans nos entreprises, sont délaissés parce qu’ils sont considérés comme des « petits boulots », toujours trop chers pour l’utilité perçue par ceux qui les achètent, focalisés sur leur sacro-saint « cœur de métier ».

Puisque les enquêtes ne cessent de nous dire que les salariés français sont en quête de sens, d’engagements de la part de leur entreprise, ne serait-il pas le moment de leur faire savoir que ces « petits boulots » n’en sont pas ? Que les conditions d’emploi de ces salariés-là devraient valoir les leurs et qu’en tout cas, si ce n’est pas toujours possible, qu’ils devraient justement bénéficier de contreparties fortes en guise de reconnaissance ?

Plaidons pour que les conditions de travail des métiers de l’environnement de travail deviennent un critère RSE en soi ! Faire attention à eux, c’est faire attention à soi, à ses clients, à ses valeurs.

Si notre filière professionnelle ne se mobilise pas autour de cet enjeu majeur rapidement, elle perdra la bataille et son avenir, celui de ses métiers, sera en danger. Rassemblons nos énergies et nos moyens et lançons les actions de communication et de lobbying adéquates !

ANews WorkWell sera toujours à vos côtés pour promouvoir cette belle filière et ces beaux métiers du quotidien.

Toute l’équipe d’ANews WorkWell vous souhaite une belle semaine engagée !

Lionel Cottin
Directeur de la rédaction d’ANews WorkWell