Bertrand Martinot, économiste et Lisa Thomas-Darbois, responsable du pôle Économie et Action de l’État à l’Institut Montaigne, ont cosigné une enquête, réalisée avec l’aide du cabinet de conseil Kearney et qui s’appuie sur un sondage mené en septembre 2022 auprès de 5001 actifs français par Kantar Public, visant à dresser un état des lieux objectif des grandes questions actuelles qui entourent le travail afin de remettre en question les nombreuses idées reçues. Elle couvre une large partie de ces problématiques en s’attaquant à 5 thématiques clés :
• La satisfaction des Français au travail ;
• L’évolution du temps de travail ;
• Les conséquences de la démocratisation du télétravail ;
• Le rapport des actifs avec la retraite et la fin de carrière ;
• Le rapport des actifs à leur évolution professionnelle.
Les grands enseignements sont les suivants :
- 77 % des sondés se déclarent satisfaits au travail, statistique qui n’a que très peu évolué ces dernières années malgré la crise sanitaire. Ce sentiment de satisfaction va de pair avec un autre résultat de l’enquête : 2/3 des actifs jugent que le travail occupe “une juste place” dans leur vie.
- Sans surprise, la rémunération est le premier facteur d’insatisfaction, pour 46 % des sondés, devant l’absence de perspectives d’évolution professionnelle (42%) et le manque de reconnaissance (38%)
- Le développement du télétravail est la véritable rupture par rapport à la période pré-Covid : d’après l’enquête Sumer de l’Insee de 2017, seuls 3 % des actifs pratiquaient le télétravail au moins un jour par semaine. Fin 2022, cette proportion est montée à 33 %. Sans conteste, les sondés s’accordent à dire que le télétravail a des impacts positifs sur l’équilibre vie personnelle et professionnelle, l’autonomie et l’efficacité au travail. Néanmoins, ils considèrent, à l’unanimité, qu’il a des impacts négatifs sur l’efficacité et la qualité des relations sociales.
- Il n’existe aucun lien entre l’intensité du télétravail et la charge physique ou psychique. L’enquête prouve l’existence d’un “optimum” de satisfaction au télétravail, qui se situerait entre 2 et 3 jours de télétravail par semaine.
- Une forte envie d’évolution : 55 % des sondés déclarent vouloir évoluer vers un poste différent au sein de la même entreprise, 37 % veulent quitter leur entreprise avant 2 ans et 29 % pourraient envisager de devenir indépendant. Malgré cela, les auteurs considèrent que la « Grande Démission » en France est un mythe, le marché du travail, favorable aux candidats, expliquant les mouvements actuels.
Lien vers l’étude : Les Français au travail : dépasser les idées reçues