ISS qui jette l’éponge en France, Clestra qui se bat pour trouver un repreneur, WeWork qui doute de ses capacités à survivre, des taux d’intérêts records aux USA et des valorisations d’actifs en chute libre à San Francisco… Le moins que l’on puisse dire, c’est que la météo immobilière aura été perturbée en cet été 2023 !
L’information choc de cet été aura été l’annonce faite début août par le groupe danois ISS de se séparer de ses activités françaises, à l’exception des grands comptes. Prenant acte de l’incapacité de sa filiale française à se hisser au niveau de performance attendu, le géant du multiservice a donc décidé de jeter l’éponge en France. Les raisons invoquées laissent cependant songeur. Pourquoi, peut-on se demander, le marché français se distingue-t-il autant des autres marchés de cette multinationale qui opère dans une trentaine de pays ?
L’autre information phare de cet été n’en est pas vraiment une puisque nous suivons depuis des mois le feuilleton de la chute sans fin de WeWork, pionnier et ex-star du coworking mondialisé. Malgré les effets d’annonce pré-estivaux sur une restructuration de la dette, les dirigeants de l’entreprise ont fini par avertir la SEC américaine (équivalent de l’AMF française) qu’ils doutaient de la capacité de l’entreprise à survivre. Il faut dire que l’action ne vaut plus que quelques cents à la bourse de New-York pour une valorisation globale inférieure à 300 millions de dollars contre plus de 47 milliards en 2019 !
L’histoire de Clestra est différente. Nous relations les déboires du spécialiste des cloisons de bureaux voici quelques mois, notamment dus à une cyberattaque massive. Cette belle entreprise se bat désormais pour trouver un repreneur. La quasi-totalité des 140 salariés de l’usine sont en grève depuis début juillet avec la crainte d’un démantèlement et/ou d’une casse sociale majeure. Un comble alors que les carnets de commande sont bien garnis. Triste et rageant !
Aux Etats-Unis, marché toujours en avance de phase sur le nôtre, les taux d’intérêt à 30 ans ont battu un record vieux de 22 ans : plus de 7% ! Conséquence, les défauts sur les prêts hypothécaires gonflent. Freddie Mac, géant du secteur, vient d’annoncer la « cession » (le bradage plutôt) de plus de 600 millions de dollars de prêts « non performants » (traduire, dont les emprunteurs ne peuvent plus honorer les échéances). Un air de déjà vu… Parallèlement, nous apprenions que les valorisations des immeubles de bureaux s’effondraient jusqu’à -75% dans certains secteurs de San Francisco, du fait d’une vacance record, d’une insécurité croissante et d’une hausse des défauts de paiements des loyers. La faute au télétravail, au reflux de l’activité dans la tech et, là encore, à la hausse des taux d’intérêt.
Au milieu de cette tourmente, une annonce est presque passée inaperçue, et pourtant, elle n’est pas anodine. Une enquête de l’institut Ifo et d’Econpol Europe s’est penchée sur le nombre de jours moyens de télétravail pratiqué chaque semaine dans 35 pays industrialisés. Résultat : le France est le pays où l’on télétravaille… le moins ! Selon cette étude, les Français travaillent en effet de chez eux 0,6 jour par semaine en moyenne, contre 0,9 jour dans les 34 autres pays étudiés. Nouvelle singularité donc pour notre pays… Voyons le verre à moitié plein et considérons cela comme une pas trop mauvaise nouvelle pour le marché !
Terminons sur une bonne note pour le marché lyonnais. L’État, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la Métropole et la Ville de Lyon ont en effet enfin fini par tomber d’accord sur le financement du projet d’extension du siège d’Interpol. Un projet de 50 millions d’euros en discussion depuis… 2015 ! Comme quoi, il ne faut jamais désespérer de notre millefeuille administratif !
Toute l’équipe d’ANews WorkWell vous souhaite une excellente rentrée 2023 !
Lionel Cottin
Directeur de la rédaction
