Alors que trois Français sur quatre se rendent au travail seuls dans leur véhicule, la flambée des prix à la pompe a poussé bon nombre d’entre eux à chercher à faire des économies et à se lancer dans l’autopartage. A tel point que les trajets domicile-travail recensés par l’Observatoire national du covoiturage ont atteint un record de quelque 400.000 trajets au mois de mars 2022. C’est cinq fois plus qu’il y a un an.
Les applications de mise en relation sont elles aussi en surchauffe : + 500 % chez Ecov par rapport à la période pré-Covid, + 70 % en un mois chez Karos, qui vient de franchir la barre des 600.000 usagers et constate 10 fois plus de demandes émanant d’entreprises. Mises sous pression par leurs collaborateurs, il semble que les entreprises veuillent enfin accélérer.
A leur décharge, il faut convenir que le développement du covoiturage n’est pas chose aisée. Sa réussite repose en effet sur la massification : plus les salariés d’un même site déposent d’offres, plus les possibilités de covoiturage s’accroissent. Difficile de s’engager dans le covoiturage si le retour n’est pas assuré !
Les employeurs disposent cependant d’outils, notamment pour encourager financièrement ces nouvelles habitudes. Sur son site de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, le groupe Thermador a ainsi converti près de la moitié de ses 450 salariés au covoiturage avec le soutien de l’entreprise Klaxit. Le groupe recourt au forfait mobilité durable pour rembourser ses salariés covoitureurs jusqu’à 600 euros annuels, exonérés de cotisations et de contributions sociales.
Autre facteur clé de succès : l’engagement des collectivités locales. Elles peuvent ainsi subventionner significativement les trajets de façon à ce que les passagers voyagent gratuitement ou presque, tandis que les conducteurs peuvent gagnent entre 2 et 4 euros par trajet. Une incitation très efficace… qui doit en revanche être pérenne. En juillet 2020, Île-de-France Mobilités a suspendu son financement pendant quelques mois et les covoiturages ont chuté de 95 % sur le territoire, rappelle en effet Klaxit dans son classement des villes qui covoiturent le plus.