Les anglo-saxons ont l’art de mettre en scène les évidences. Ainsi, l’agence de communication « Moneypenny », faisant mine de découvrir un vieux sujet remis au goût du jour par l’actualité, vient d’éditer un guide gratuit pour « promouvoir l’empathie et donner aux entreprises les outils nécessaires pour forger des relations plus solides et de meilleure qualité, à la fois en interne avec le personnel et en externe avec les clients. »
Le guide comprend des conseils pratiques pour s’assurer que l’utilisation du langage par les employés est efficace, explique l’importance de l’écoute active et souligne la nécessité d’un « leadership empathique ». Il comprend également un court questionnaire pour aider les entreprises à déterminer à quel point elles sont empathiques…
D’après l’agence de communication, « la pandémie a changé les relations que nous entretenons les uns avec les autres – nos pairs, collègues et clients – et elle a rendu le lien humain plus précieux que jamais. Les entreprises gagnantes des deux dernières années ont donné la priorité à l’empathie, mais alors que le monde revient à la normale, nous devons nous assurer de ne pas oublier ces précieuses leçons. »
Une « experte en intelligence émotionnelle » a été mobilisée pour expliquer que des « expériences de service client brillantes reposent sur des interactions empathiques. C’est ainsi que vous fidélisez vos clients et que vos employés se sentent responsabilisés. »
Loin de moi l’idée de condamner le propos. Disons qu’il n’est pas nouveau et mériterait qu’on aille un peu plus loin dans l’analyse des conséquences de la pandémie sur les relations humaines. Les conséquences du développement du travail distant sur les interactions humaines, par exemple, constitue un excellent terreau pour les chercheurs !
A cet égard, il me revient l’échange tenu avec l’excellent Patrice Vuidel à ce sujet. Expert de l’économie de la fonctionnalité, il expliquait récemment comment la distance allait rendre le temps de présence très précieux. Il insistait sur « la qualité du temps de présence » et le terme, que je trouve fort judicieux, pose de nombreuses questions. Car que mettre derrière ce terme, comment l’organiser, comment l’évaluer… ?
Ce qui est certain, c’est que ce temps de présence sur le lieu de travail devient le sujet de toutes les attentions. Quels espaces, quels services, quels outils seront les plus adaptés pour les besoins des collaborateurs ? Vaste programme, discuté ce jour-même sur le plateau d’ANews WorkWell dans le cadre de la session Agora Live Facilities consacrée à l’expérience employé de demain et aux moyens de réenchanter les bureaux !
Et il faudra les réenchanter sacrément si on en croit les derniers sondages : 64% des salariés déclarent qu’ils se mettraient en recherche d’un nouvel emploi si on les obligeait à revenir à plein temps sur leur lieu de travail. Une proportion qui monte à 71% parmi les 18-24 ans !
Désormais, chaque journée de travail est soumise à la notion de sens : pourquoi aller au bureau aujourd’hui ? quel sens cela a-t-il ? Les managers vont avoir fort à faire. Mais au moins peut-on espérer en finir avec le présentéisme…
De sens il en est beaucoup question aussi dans la nouvelle bande dessinée concoctée par Samuel Durand et Sophie Streichenberger et intitulée « Work in Progress » (petit clin d’œil à Ghislain Grimm, un de mes intervenants du jour, dont le nom du cabinet de conseil est identique ;). La BD est une adaptation du très réussi documentaire « Work in Progress » réalisé en 2021, un mélange de réalité et de fiction où le personnage principal, une jeune diplômée, entame un « roadtrip » en Europe pour rencontrer des pionniers qui ont trouvé un sens au travail.
Trouve-t-elle sa voie finalement ? Apprécie-t-elle la qualité de son temps de présence sur son lieu de travail ? Vous trouverez (ou pas) les réponses dans cette très bonne BD que l’on recommande.
Toute l’équipe d’ANews WorkWell vous souhaite une belle semaine pleine de sens et de qualité de temps de présence !
Lionel Cottin
Directeur de la rédaction