J’ai récemment eu le plaisir d’animer un rendez-vous du club Agora des Directeurs de l’Immobilier qui abordait le sujet de l’immobilier inclusif. Spontanément, je n’aurais pas directement relié immobilier et inclusion, et pourtant ! Du parcours des personnes en situation de handicap à l’heure des bureaux flexibles au brassage des populations, du rôle de l’immeuble dans son quartier aux tiers-lieux mixtes et solidaires, l’immobilier se trouve au centre de nombreux enjeux liés à l’inclusion.
Le terme inclusion peut faire référence à plusieurs champs d’action différents : celui de l’inclusion des personnes en situation de handicap ou de personnes souffrant d’exclusion économique et sociale, il peut faire référence à l’inclusion de groupes sociaux et culturels, de minorités… Bref, l’acception peut être plus ou moins large.
S’agissant de l’inclusion des personnes en situation de handicap sur le lieu de travail, la réglementation fixe un certain nombre d’obligations aux entreprises, et l’on pourrait considérer que cela suffit. Dans les faits cependant, surtout à l’heure du développement du flexoffice, les défis sont immenses : comment assurer la permanence d’accès à un poste de travail adapté à une personne en situation de handicap si les postes ne sont plus attribués et si les plateaux peuvent être fermés en fonction de l’affluence ? En termes d’accessibilité, le flexoffice nécessite une nouvelle approche, plus inclusive, à co-construire avec les personnes concernées. Et si des adaptations sont nécessaires, il est indispensable de s’assurer qu’elles correspondent au plus grand nombre, ne créent pas plus d’exclusion que d’inclusion ou ne soient pas vues comme des privilèges, ce qui serait un comble. Et il convient de garder à l’esprit que 80% des handicaps… ne se voient pas !
Ce n’est d’ailleurs pas seulement le poste de travail qui doit être considéré, mais le parcours collaborateur dans son ensemble. Exemple tout simple : pourquoi positionner les machines à café à une hauteur inatteignable lorsqu’on se déplace en fauteuil roulant ? Mieux vaudrait décider de les placer toutes à moins de 130 cm de hauteur, ce qui permet à tout le monde d’y accéder, sans devoir demander l’aide d’un collègue ou chercher une machine accessible.
Les professionnels de l’immobilier doivent aborder leurs projets de manière « inclusive by design », c’est-à-dire en intégrant cette dimension d’accessibilité au plus grand nombre dès la conception. Les solutions facilitent ainsi la vie de tous, comme en témoigne cette agente de propreté du CEA-EA de Grenoble, très heureuse de l’installation de portes automatiques là où elle devait pousser son lourd chariot d’une main tout en tenant la porte ouverte de l’autre…
Une accessibilité qui ne se limite d’ailleurs pas aux personnes en situation de handicap. Les Bureaux du Cœur, initiative née à Nantes, proposent ainsi d’héberger des sans-abris la nuit dans certains de leurs locaux. L’association Lazare, qui vient en aide aux personnes en situation d’exclusion sociale, accueille, quant à elle, de jeunes actifs en coworking dans sa Maison de Vaumoise. La solidarité, le brassage des générations et des profils… oui, l’immobilier est inclusif dès lors que l’immeuble est pensé non comme un îlot spécialisé mais comme un outil du vivre ensemble, au service non seulement de sa société, mais de la société toute entière.
Lionel Cottin
Directeur de la rédaction