Près d’une entreprise sur deux estime que la crise sanitaire a eu un impact important sur les conditions de travail et la santé des salariés (1) : hausse de l’absentéisme, développement des risques psychosociaux, désengagement des collaborateurs sont, dans l’ordre, les principales conséquences constatées par les dirigeants. Et le phénomène s’accroît avec la taille de l’effectif. A tel point que 63% des chefs d’entreprise se disent préoccupés par la santé mentale et physique de leurs collaborateurs, d’après la dernière enquête flash de Malakoff Humanis.
Voilà qui explique pourquoi le fait de travailler dans une entreprise qui prend soin de la santé mentale et du bien-être est devenu la deuxième priorité des salariés de bureaux, d’après l’étude que vient de faire paraître JLL (2). Le critère arrive derrière la qualité de vie, associée à l’équilibre vie privée/vie professionnelle, et devant… le salaire !
La pandémie a d’ailleurs complètement bouleversé ce classement. Avant mars 2020, le trio de tête des priorités des salariés était constitué du salaire, devant la qualité de vie et la quête de sens au travail.
Même si ce dernier item arrive désormais au 4ème rang des préoccupations des salariés interrogés par JLL, il est le thème qu’a choisi le réseau Anact-Aract comme fil rouge de sa « Semaine de la Qualité de Vie au Travail » qui se déroule toute cette semaine. Sur tout le territoire, des manifestations (3) sont organisées sur ce thème : « En quête de sens au travail ».
Après plus de deux ans de crise liée au Covid-19, de nombreux intervenants vont s’interroger sur les motivations des salariés, leurs raisons de rester ou, au contraire, de quitter leur entreprise et ce qui leur donne envie d’évoluer. Côté entreprise, les leviers pour attirer et fidéliser le personnel, notamment en matière de qualité de vie et de conditions de travail, seront également des thèmes de réflexion abordés tout au long du programme.
La recherche d’un meilleur équilibre des temps de vie et d’un sens accru dans son travail est vraiment une tendance de fond de nos sociétés. Bien sûr, elle concerne d’abord celles et ceux qui sont en mesure de choisir leur emploi et leur entreprise, c’est-à-dire les jeunes diplômés, notamment du secteur des nouvelles technologies, les techniciens très spécialisés ou certains cadres. Mais on voit le phénomène s’étendre à des métiers certes jugés difficiles et pas très bien rémunérés jusqu’alors, tels que les emplois de la filière hôtellerie-restauration, mais qui apparaissent désormais comme carrément repoussant si on en juge par les difficultés massives de recrutement auxquelles font face les entreprises du secteur.
Cette quête de sens et de meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle n’est pas nouvelle. On la voit monter, enquête après enquête, depuis déjà une dizaine d’années. D’où vient cette lame de fond ? Voilà une des questions que je poserai à Julia de Funès et Luc Ferry ce jeudi 23 juin lors du Gala des Directeurs de l’Immobilier et de l’Environnement de Travail. Jusqu’où peut-elle nous porter et quelle pourrait être l’étape d’après ?
Peut-être verrons-nous un jour des petites entreprises dirigées par des intelligences artificielles, comme l’imagine un rapport établi par la société Virgin Money, qui voit bien son logiciel maison remplir un jour ce rôle… Comme le disait Maurice Schumann, « je préfère un futur imprévisible à un futur imposteur ». Et surtout à un futur effrayant, en l’occurrence !
L’entreprise et le bureau de demain n’existent pas encore. Mais leurs contours peuvent d’ores et déjà se lire dans les tendances émergentes de notre temps. Pour cela, il faut pouvoir déceler les signaux faibles, décrypter, confronter nos idées et nos retours d’expérience… C’est exactement le programme du 23 juin prochain. J’espère pouvoir vous y croiser !
Toute l’équipe d’ANews WorkWell vous souhaite une belle qualité de vie, cette semaine aussi !
Lionel Cottin
Directeur de la rédaction d’ANews WorkWell
(1) Etude Apicil/Opinion Way : « Perceptions et attentes des dirigeants », Juin 2022
(2) « Workforce Preferences Barometre », 4000 personnes interrogées, 10 pays. JLL, Juin 2022
(3) Programme de la semaine de la QVT partout en France : Accueil
