Aux Etats-Unis, investisseurs et régulateurs sont en état d’alerte élevée en raison des récentes faillites bancaires intervenues dans le pays. Tous examinent de plus près l’effondrement du marché de l’immobilier commercial, estimé à quelque 20 000 milliards de dollars.
Le marché de l’immobilier d’entreprise, notamment, a été durement touché au cours des derniers mois. Les revenus locatifs, aux Etats-Unis, ont ainsi chuté de 15 % par rapport à leur niveau du mois de mars. Le travail hybride, en développement rapide, perturbe le marché et impacte fortement l’équilibre économique des propriétaires d’immeubles. CNN Business rapporte que l’occupation moyenne des bureaux est toujours bien en-deçà des chiffres d’avant la pandémie, se situant à moins de 50 % des niveaux de mars 2020…
Par ailleurs, avec la flambée des taux d’intérêt, les prêteurs de ce secteur sont en difficulté, provoquant une chute drastique de la valeur des immeubles de bureaux. Cela crée, par contagion, des problèmes aux banques et pourrait avoir des effets d’entraînement désastreux.
Cette année en effet, environ 270 milliards de dollars de prêts immobiliers commerciaux sont dus. La question brûlante est évidemment de savoir s’ils seront remboursés. Les ingrédients d’une possible extension des difficultés de l’immobilier d’entreprise à d’autres secteurs, notamment au secteur financier et donc à toute l’économie, semblent en place.
Car si la crainte de défauts sur les prêts bancaires consentis au secteur de l’immobilier d’entreprise s’aggrave, cela pourrait amener les clients à retirer soudainement leurs fonds, comme ce qui s’est passé avec la Silicon Valley Bank le mois dernier, et qui a précipité sa fermeture. La Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre ont d’ailleurs sonné l’alarme sur les risques associés aux investissements dans l’immobilier commercial face aux perspectives de marché qui s’assombrissent.
Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, a déclaré qu’il ne pouvait pas prédire avec certitude si d’autres banques feraient faillite cette année, même s’il s’est empressé d’ajouter que la crise actuelle n’a rien à voir avec la tourmente financière mondiale de 2008. Ce qu’on peut imaginer aisément, par contre, c’est une augmentation des défauts de paiement et une chute des flux de financement en direction du secteur de l’immobilier commercial. Un mouvement déjà enclenché dans notre pays avec une chute de 35% de l’investissement dans l’immobilier d’entreprise au premier trimestre 2023 par rapport à la même période de 2022, après, déjà, un recul spectaculaire de 52% au quatrième trimestre 2022. Le tsunami du travail hybride, associé à l’inflation, n’a pas fini de faire parler de lui…
Lionel Cottin
Directeur de la rédaction