Le CRDIA (consortium de recherche de l’Isle-Adam), le Sypemi et l’Arseg viennent de publier les résultats de leur dernière étude socio-économique sur la filière environnement de travail en France. Avec plus d’un milliard de mètres carrés sous gestion, 1,4 millions de salariés et 102 milliards d’euros de chiffre d’affaires, l’étude conclut à l’existence d’une véritable filière économique pesant 5% du PIB français. Peu de filières économiques peuvent se targuer d’un tel poids dans le PIB global du pays.
Et pourtant, le travail, les lieux du travail, les services à l’environnement de travail, sont quasi totalement absents des programmes des candidats à la future élection présidentielle, pourtant peu avares de promesses et de grandes annonces.
Le MIPIM, la grand-messe de l’immobilier qui vient de fermer ses portes à Cannes, a tout de même vu passer un ancien président de la République, François Hollande, et un ancien Premier Ministre, Edouard Philippe, venus dialoguer avec les professionnels de l’immobilier. Sans leur faire injure et tout en saluant leur démarche, il aurait été autrement significatif de voir quelques candidats venir nous dire ce qu’ils pensent de la ville et du travail de demain et de la capacité de notre société à faire face aux évolutions actuelles des modes d’organisation du travail. Malheureusement, Cannes n’est pas la Porte de Versailles et le MIPIM n’est pas le salon de l’Agriculture…
Et pourtant, en ne prenant en compte que les locaux professionnels hors locaux de production, l’étude du CRDIA/Sypemi/Arseg explique que la filière des services à l’environnement de travail impacte le quotidien de plus de 20 millions de salariés français.
Et pourtant, plus de 50% des 1,4 millions de salariés de la filière des services à l’environnement de travail ne touchent guère plus que le SMIC tandis que de nombreux métiers sont en grande tension en matière de recrutement et que les formations à ces métiers sont encore peu identifiables. Des emplois par ailleurs peu, voire pas du tout, délocalisables.
Et pourtant, réfléchir au futur du travail, c’est réfléchir au modèle de société de demain. Un modèle où l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle devient un élément central de choix : que proposent les candidats à l’élection présidentielle sur ce sujet ? Un modèle où le développement du télétravail offre de nouvelles libertés certes, mais crée de nouvelles inégalités et fait porter un risque sur la vie des collectifs de travail : là encore, quelles propositions ?
L’absence de visibilité de nos enjeux et de notre filière doit nous interpeller, nous tous qui œuvrons, chacun à notre niveau, en faveur de l’environnement de travail de millions de nos concitoyens. Construire un vrai lieu de dialogue et d’échange de notre écosystème, structurer les propositions, identifier les porte-paroles… voilà, à défaut de les trouver dans les programmes des candidats, des axes de travail pour le quinquennat qui s’ouvre pour notre filière !
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Tout l’équipe vous souhaite une belle semaine.
Lionel Cottin
Directeur de la Rédaction