Immobilier de bureaux à Lyon : un marché en mutation, entre grandes transactions et nouveaux usages

Emission
Actualités
Date de publication

Le marché lyonnais de l’immobilier de bureaux a enregistré en 2024 plusieurs transactions d’envergure qui viennent dynamiser un secteur en ralentissement. Parmi les plus marquantes, l’installation d’Edvance, filiale d’ingénierie d’EDF et de Framatome, dans le quartier de Gerland. Cette prise à bail, portant sur plus de 7.600 m², est l’une des opérations majeures de l’année. Les 1.200 collaborateurs d’Edvance devraient emménager dans leur nouveau site en novembre 2025.

Autre projet notable : le spécialiste informatique Xefi a déménagé son siège social à Rillieux-la-Pape dans un bâtiment flambant neuf de 12.000 m². Ces grandes transactions masquent néanmoins une réalité plus morose : le volume global de bureaux placés (vendus ou loués) à Lyon a reculé de 7 % par rapport à 2023, selon JLL Régions. Le total annuel devrait atteindre entre 230.000 et 240.000 m², bien en deçà des années précédentes.

Un marché sous pression : moins de demandes pour les grandes surfaces

Malgré ces opérations, le segment des grandes surfaces reste particulièrement touché par la crise. Les entreprises réduisent leur empreinte immobilière face à la montée du télétravail et à la recherche d’économies, ce qui freine la demande de bureaux de plus de 5.000 m². Selon Laurent Vallas, directeur de JLL Lyon, plusieurs projets d’envergure sont cependant en cours de finalisation et pourraient aboutir en 2025.

Parmi les déménagements à venir, l’ONG Handicap International prévoit d’installer ses 400 collaborateurs dans le quartier du Tonkin à Villeurbanne en 2026. La localisation, proche de la Part-Dieu et du Parc de la Tête d’Or, présente un fort potentiel malgré des problématiques sociales locales.

Des projets de réhabilitation et des immeubles hybrides

Face à la baisse de la demande pour les grandes surfaces, les promoteurs misent désormais sur la rénovation et l’hybridation des bâtiments existants. À proximité de la gare Part-Dieu, le fonds Evolem, contrôlé par la famille Rousset (fondateurs d’April), lance la réhabilitation de l’ancien siège social d’April sur 16.000 m². Si des entreprises sont intéressées, il est difficile d’en trouver une seule pour occuper l’ensemble du bâtiment, confie Guillaume Rousset, président d’Evolem.

Cette tendance à transformer les immeubles tertiaires en espaces polyvalents prend également forme avec des projets comme Bikube, un concept innovant lancé par Vinci. Situé à proximité de la Part-Dieu, le programme Evasyon mêle logements meublés, bureaux, salles de réunion et espaces de convivialité. « Il y a un manque d’offre sur ce type de prestation », explique Emilie Schlageter, directrice de Bikube.

Le concept séduit déjà des professionnels en déplacement et des chercheurs étrangers, pour qui la souplesse de l’offre est un atout. Après le succès de Lyon, Vinci prévoit d’ouvrir de nouveaux sites à Montpellier cet été, puis à Suresnes en 2026.

Vers des immeubles plus verts et plus fonctionnels

Les nouvelles attentes des entreprises en matière de politique RSE et d’efficacité énergétique transforment le marché de l’immobilier de bureaux. « Aujourd’hui, toutes les entreprises recherchent des bâtiments neufs ou régénérés qui répondent aux standards environnementaux », observe Laurent Vallas.

Les appels d’offres se multiplient pour reconvertir des immeubles des années 1970 et 1980 en espaces répondant aux besoins actuels. Ces projets s’inscrivent dans une logique d’intensification des usages du bâti existant, afin de mieux répondre aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux du territoire lyonnais.

En somme, le marché lyonnais des bureaux se transforme : les grandes surfaces peinent à trouver preneur, mais la réhabilitation et les projets hybrides ouvrent de nouvelles perspectives.