Kate Gardner, consultante en santé et sécurité pour International Workplace, décrit comment les enjeux des responsables de l’environnement de travail en matière de santé et sécurité ont évolué pour relever les défis post-pandémiques.
Face à une situation qui devrait progressivement revenir à la normale, elle met en garde les managers qui pourraient être tentés de penser que leurs responsabilités s’allégeraient.
Pour elle en effet, la nouvelle normalité du travail a entraîné une série de défis en matière de santé et de bien-être. Le développement du travail hybride, les problèmes de santé mentale et les inquiétudes concernant le retour au bureau, le partage des postes de travail ou encore les nécessaires stratégies de résilience et de continuité des activités vont modifier profondément l’approche en matière de santé et de sécurité au travail. Pour Kate Gardner, « l’hybride sain deviendra la norme ».
En matière d’hygiène et de propreté, il est probable que les équipements comme les habitudes devront être réévalués lors du retour au bureau, comme par exemple les fréquences de nettoyage, les points de lavage des mains ou les pratiques lors du partage de poste (le fameux desk cleaning). Les contrats, protocoles sanitaires ainsi que la communication devront être particulièrement soignés. Par ailleurs, les managers devront se montrer sensibles aux différentes demandes de leurs collaborateurs, en comprenant que certaines personnes seront plus à l’aise que d’autres au bureau et dans les espaces publics.
D’autre part, il est clair que la pandémie de COVID-19 a accéléré la prise de conscience des problèmes de santé mentale sur le lieu de travail. La loi instaure depuis un certain temps déjà une obligation pour les employeurs en la matière, obligeant notamment de procéder à des évaluations des risques et de fournir aux employés une formation et des informations pertinentes sur les risques auxquels ils sont confrontés ainsi que sur les mesures mises en place pour contrôler ces risques. Pourtant, de nombreux managers ignorent encore leurs obligations de veiller à la santé mentale de leurs collègues, en partie dû au manque de sensibilisation et de formation. Les employeurs devront donc mettre à jour leur approche et veiller à former et sensibiliser tous leurs managers à ce sujet.
Enfin, pour Kate Gardner, l’une des choses les plus importantes que les employeurs peuvent faire est d’aider le personnel à comprendre à quoi doit ressembler un environnement de travail approprié chez soi. Certes, tout le monde n’a pas la capacité d’avoir un bureau à domicile dédié mais il est possible de faire des ajustements ou des adaptations pour travailler de manière ergonomique, quelle que soit la configuration du domicile, et éviter le développement des TMS (troubles musculo-squelettiques). Les employeurs et donc les DET devront être pro-actifs, offrir des conseils, contacter régulièrement les collaborateurs pour déterminer si des améliorations doivent être apportées et fournir des équipements si nécessaire.
En conclusion, Kate Gardner rappelle que bien que le COVID-19 soit à juste titre considéré comme un danger biologique, il est important de garder en tête que les effets de la pandémie affectent l’ensemble de l’environnement de travail, de l’ergonomie à la politique organisationnelle en passant par les conditions physiques de travail.