Dans un récent article, Daniel Lehewych, un jeune auteur et philosophe américain, se demandait si la réalité virtuelle allait être suffisamment attractive pour réellement changer l’avenir des espaces de travail ?
En raison des contingences qui ont favorisé le développement du travail à distance au cours des deux dernières années, Daniel Lehewych fait le constat que les espaces de travail virtuels sont entrés dans notre quotidien et qu’ils ne devraient que croître en termes de nombre d’utilisateurs, de visibilité sociétale et de sophistication technologique.
Si Zoom et les outils similaires sont la principale méthode par laquelle les télétravailleurs organisent des réunions aujourd’hui, l’auteur anticipe que les casques de réalité virtuelle, adoptés progressivement, modifieront la dynamique et la conception de ces espaces de travail virtuels.
D’après Daniel Lehewych, chaque nouveau développement des technologies de communication cherche à mieux représenter la vie sociale des êtres humains sans qu’il leur soit nécessaire d’être physiquement présents dans un tel espace social. En d’autres termes, nous ne bougeons plus tandis que notre emplacement social devient plus numérique. Difficile de dire si cette vision doit nous réjouir ou nous inquiéter…
Il faut de toute façon considérer qu’une telle perspective dépendra de la capacité de ces nouveaux outils de réalité virtuelle à créer une expérience beaucoup plus productive, sociale et attrayante et, à ce jour en tout cas, tel n’est pas le cas, loin de là. La première étape serait donc la normalisation et l’adoption généralisée de l’utilisation de la réalité virtuelle en tant qu’espace de travail.
Certains n’hésitent pas à enjamber cette étape pour se lancer dans des prédictions qui ont le double avantage de créer la tendance (la fameuse prédiction auto-réalisatrice) et le buzz médiatique. Ainsi, alors que l’espace de travail virtuel et augmenté représente encore un horizon relativement lointain, un certain millionnaire adepte des formules choc lui permettant de passer pour un visionnaire, l’inénarrable Elon Musk, puisqu’il faut le citer, pense, quant à lui, que, grâce à une puce cérébrale Neuralink, le langage ne sera plus nécessaire à l’avenir pour communiquer au cours de notre vie !
Il ne l’imagine d’ailleurs pas pour dans cinquante ou cent ans mais pense que cela se produira d’ici cinq à dix ans. Les experts des domaines informatique et des sciences cognitives sont partagés sur le sujet et, comme toujours avec l’impétrant, de telles affirmations doivent être prises avec beaucoup de prudence.
Ce qui est certain pour l’heure, c’est qu’un nombre croissant d’entreprises tentent l’expérience des espaces de travail en réalité virtuelle, de sorte que de plus en plus de travailleurs commencent à les utiliser et que nous pouvons légitimement commencer à réfléchir aux conséquences de cette évolution, si elle se confirme, sur les habitudes et les espaces de travail, bien réels ceux-là.
Car si la doxa nous dit aujourd’hui qu’en tant qu’animaux sociaux, nous aurons toujours besoin d’un lieu pour nous retrouver et travailler ensemble, elle a aussi longtemps affirmé que la place des femmes était au foyer (certains d’ailleurs ont raté plusieurs trains sur ce sujet) et que les enfants ne devaient pas se mêler aux conversations des adultes. Tout évolue donc, y compris la doxa…
Le sujet de la permanence d’un espace de travail réel mérite donc d’être posé. Quand Meta annonce que le groupe vient d’atteindre ses objectifs diversité avec deux ans d’avance grâce au développement du « full remote » (le travail à distance permanent), que BlaBlaCar constate que plus d’un de ses salariés sur quatre a été séduit par le dispositif 100% télétravail, et que les études démontrent que les plus jeunes sont les plus séduits par cette option, on peut légitimement s’interroger sur l’avenir des espaces de travail physiques.
Ils ne disparaîtront pas du jour au lendemain, et peut-être jamais. Mais peut-être que ce début de décennie aura marqué le point de départ de la fin des espaces de travail réels. Qui sait ?
En attendant de le savoir, retrouvons-nous le 20 septembre prochain pour parler des leviers d’optimisation de son poste immobilier. Nous vous espérons nombreux devant l’écran, en direct, dès 9h30.
D’ici-là, toute l’équipe d’ANews WorkWell vous souhaite une excellente semaine !
Lionel Cottin
Directeur de la rédaction d’ANews WorkWell
